Pascal Lorot "Objectif Afrique, maintenant !"
Pascal Lorot, Président Institut Choiseul et Directeur de la revue Géoéconomie
L'Afrique devrait rester, selon le dernier rapport de la Banque mondiale rendu public récemment, parmi les régions du monde à la croissance la plus rapide. Pour 2015-2016, cette dernière est estimée à quelque 5,2 %, contre 4,6 % en 2014. Bien sûr, les matières premières constituent toujours un facteur explicatif important de la forte activité économique du continent, puisqu’elles représentent encore les trois quarts des exportations totales de biens de l'Afrique subsaharienne. Toutefois, le rebond attendu de la croissance se fait dans un contexte de baisse des prix des matières premières. C’est finalement le rythme soutenu des investissements publics dans les infrastructures, l’augmentation de la production agricole, mais aussi le développement des services tant dans le commerce et la finance que les transports ou encore les télécommunications, qui expliquent ce renforcement du rythme d’activité.
Des risques subsistent naturellement, qui pèsent sur le potentiel de croissance. Tout d’abord, les activités des groupes terroristes comme Boko Haram et Al Shabab ne sont pas sans conséquences, de même que les risques associés à une plus vaste diffusion de l’épidémie Ebola. Sous l’angle économique, ce sont les hausses des déficits publics, et surtout le manque d’infrastructures qui affectent le potentiel de croissance. Véritable goulet d’étranglement, le déficit en infrastructures constitue de fait un frein majeur au développement du continent. Transports, eau potable, réseaux d’assainissement ou encore de santé, énergie : tous les secteurs sont concernés. Les retards dans ce dernier domaine, par exemple, sont criants : les deux tiers de la population du continent n’ont pas accès à l’électricité, ce qui représente un handicap de premier plan. Au total, les besoins d’investissements en ce domaine sont évalués par la Banque mondiale à quelque 93 milliards de dollars d’ici à 2020.
Pour autant, les investissements internationaux se renforcent rapidement avec, au-delà des partenaires historiques comme l’Europe et maintenant la Chine, l’arrivée de nouveaux acteurs. Malaisie, Brésil, Turquie, Inde… ciblent de plus en plus l’Afrique comme un continent clé pour leurs investissements. Ceux-ci sont attirés par le formidable marché que constitue aujourd’hui et, plus encore demain, le continent africain. Il est vrai que son explosion démographique y est pour beaucoup.