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Florence Gabay, le Maroc a désormais son fond souverain

Le club très fermé des fonds souverains comptera bientôt un nouveau membre: la SNI. La SNI, à l’instar des fonds souverains d’Abu Dhabi, du Qatar, ou encore de la Norvège (premier fonds souverain du monde, avec plus de 800 milliards de dollars d’investissements), aura donc pour tâche d’étendre l’influence économique et financière du royaume chérifien. La SNI a changé de dirigeant : Hassan Ouriagli remplace désormais Hassan Bouhemou, sous l'impulsion de Mounir Majidi, le Président de SIGER, la Holding Royale marocaine. Sa mission consiste aujourd’hui à réaliser des investissements de long terme par des prises de participations non majoritaires, au Maroc et plus largement en Afrique.


Une politique de champions nationaux


Le premier objectif de la SNI a été de développer une politique de “champions nationaux” dans tous les secteurs en forte croissance (banque, finance, assurance, immobilier, grande distribution, énergie, tourisme). Dix ans plus tard, le succès de ces champions nationaux (Marjane, AttijariWaffaBank, Maroc telecom, Saham Assurances, Addoha…) permet au Maroc de développer son influence sur tout le continent africain et notamment dans toute l’Afrique subsaharienne où ils sont implantés. Ces entreprises performantes, avec à leur tête une nouvelle génération de décideurs, sont les locomotives du secteur privé. Elles sont désormais des représentantes de l’économie nationale et permettent au Maroc de rayonner au plan national, continental et international.


Défendre les entreprises innovantes


La SNI a aussi vocation, cette fois en tant que fonds de capital développement, à soutenir des entreprises innovantes dans leur plan de développement ainsi qu’à investir dans des activités que les entreprises africaines ont du mal à financer seules, soit parce que les besoins de financement sont trop élevés, soit parce qu’il est difficile de changer en un clin d’œil les vieux réflexes d’un capitalisme marocain peu enclin à prendre des risques.


Investir dans les marchés porteurs


La SNI a aussi investi dans des métiers porteurs : les télécoms, avec l’acquisition en 2005 de Maroc Connect (futur Wana Corporate, devenu Inwi, troisième opérateur de télécommunications au Maroc), l’énergie avec la création en 2005 de Nareva Holding, le tourisme avec l’entrée au capital d’Atlas Hospitality en 2009, les matériaux de construction avec SONASID et une participation dans Lafarge Maroc à hauteur de 50%, et surtout la grande distribution avec le développement de Marjane. La marque a restructuré l’industrie agro-alimentaire, en créant plus de 10 000 emplois, et en instaurant une régulation des prix, auparavant laissés à l’appréciation du commerce informel (petites épiceries indépendantes). L’arrivée tonitruante de ce nouveau relais de croissance sur le marché de la distribution alimentaire a eu un très fort impact sur le quotidien des Marocains.

Le groupe SNI est donc sur le point d’achever sa mutation commencée sous l’impulsion de Mounir Majidi il y a 12 ans. L’objectif initial est en passe d’être atteint : la transformation du Holding Royal en un fonds d’investissement dynamique, à long terme, non majoritaire, recentré sur les métiers stratégiques et orienté vers le soutien et le développement des secteurs à fort potentiel de croissance.

Cette révolution économique a une conséquence politique forte : la monarchie marocaine semble prendre le chemin des monarchies constitutionnelles européennes dans la gestion de ses actifs.

L'effet indirect est tout aussi important : grâce à son dynamisme économique et aux réformes engagées en 2013 par le roi, le Maroc a été épargné par la vague de printemps arabe qui a touché ses voisins.


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